dimanche, septembre 17, 2006

Cékankon Narrive (ch XIV by Druzilla)

Un petit colibri se rassasiait dans un pétale de fleur non loin de moi. Des milliers de bourdonnements anonymes se faisaient entendre alentours. Je me sentais plutôt bien.
Une nouvelle journée s’annonçait… belle, ensoleillée, chaleureuse…

Enfin, ça s’était les prévisions à mon réveil … ici ce n’était pas un camps de vacances … et Ramon ramonait tout le monde pour que personne ne l’oublie !

Tout d’abord, après s’être assuré que Rachel avait bien passé la nuit et qu’elle était en état de continuer il avait fallu ranger nos affaires dans l’affreux autocar, et effacer les traces de notre passage en ces lieux sauvages et préservés.

Puis toute l’horreur du voyage s’était à nouveau manifestée.
Ramon me faisait penser à un psychopathe de la route… il alignait les virages et rectifiait les lignes droites, il s’enfonçait comme un malade dans les nids de poule (ou plutôt de vache vu la taille), il slalomait entre les zigs et les zags, et en plus je crois que je détestai son air de pilote de chasse (d’eau).
Chaque mètre gagné sur le chemin qui nous menait vers nulle part était une victoire qui relevait du miracle…
A la fin de la journée, proche de la lobotomisation à entendre le moteur claquer dans mes oreilles et à ne rien fixer d’autre que le crucifix imaginaire que j’avais mentalement projeté sur l’énorme tonsure du crâne de Ramon, j’essayais de m’intéresser au paysage…
« Tiens, regarde Dévi, un bébé pingouin sur la gauche … »
« Tu y’es pas Sam, c’est pas un pingouin, ça ! c’est un N’OR-NI-THO-RIN-QUE»
« Ha ! c’est pour ça qu’il est pas noir alors… ? »

Un peu plus tard…
« Tiens regarde Dévi, un bébé ours sur la gauche… »
« Mais tu n’y’es pas Sam ! c’est pas un bébé ours, ça, c’est un panda »
« Hein ? Ha oui ? t’es sûre ?? Il avait pas de tâches autour des yeux »
« Mouais, t’as raison, j’crois que c’est moi qui a des tâches sur la rétine »
« Bin, tu sais Dévi, si t’arrêtais de faire le poirier sur le siège … peut être que tu verrais les choses sous un autre angle. »
« Nan, tu y’es pas Sam, c’est justement pour les voir sous un autre angle que je fais cet exercice de yoga. »
Bon, je ne pouvais pas insister plus d’autant qu’elle avait relativement raison, même si je n’avais pas tout à fait tord non plus.
« Hey ! Dévi, regarde sur la gauche… c’est un serpent à sonnettes enroulé sur lui-même qui suit la camionette!! »
« Han nan !! tu y’es pas du tout Sam, je crois que c’est une suspension qui vient de nous quitter !! »
«Ha ! merde ! paix à son âme alors !... Dévi … si on doit finir comme cette suspension … j’veux dire, en vrac sur le bord de la route… sache que… »

Je ne puis finir ma phrase… nous entamions un long dérapage contrôlé mais dans la catégorie ingérable ; et dans le sillon de poussière que soulevait le blocage des roues je croyais voir en plus des pièces mécaniques qui dansaient autour de notre charrette, la silhouette d’une personne connue mais décédée depuis longtemps qui venait sans doute me chercher …