Le mélange
Samantha / Sculpture Césarienne/ Peau Noire / Apesanteur / Etat Sœur fut
explosif.
L’impact fut tel
qu’au moment ou je tentais de l’approcher
( la susdite Samantha, en tout bien tout honneur bien évidemment) , elle
voulut se retenir à moi l’espace d’un instant mais je ne pus que sentir ses
ongles pénétrer dans ma chair tandis qu’elle essayait de récupérer un
approximatif équilibre devenu inexistant puisqu’elle lévitait sans tenter le
moins du monde de m’éviter !
Je reprenais mon
souffle ( elle est quand même longue la phrase précédente !).
La Garce Oiseuse
pensais-je à peine,
“Ô rage ! ô
désespoir ! ô vieillesse ennemie !
N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers
Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ?
Mon bras qu'avec respect tout l'Espagne admire,
Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire,
Tant de fois affermi le trône de son roi,
Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi ?
Ô cruel souvenir de ma gloire passée !
OEuvre de tant de jours en un jour effacée !
Nouvelle dignité fatale à mon bonheur !
Précipice élevé d'où tombe mon honneur !
Faut-il de votre éclat voir triompher le comte,
Et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte ?
Comte, sois de mon prince à présent gouverneur;
Ce haut rang n'admet point un homme sans honneur;
Et ton jaloux orgueil par cet affront insigne
Malgré le choix du roi, m'en a su rendre indigne.
Et toi, de mes exploits glorieux instrument,
Mais d'un corps tout de glace inutile ornement,
Fer, jadis tant à craindre, et qui, dans cette offense,
M'as servi de parade, et non pas de défense,
Va, quitte désormais le dernier des humains,
Passe, pour me venger, en de meilleures mains.”1
N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers
Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ?
Mon bras qu'avec respect tout l'Espagne admire,
Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire,
Tant de fois affermi le trône de son roi,
Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi ?
Ô cruel souvenir de ma gloire passée !
OEuvre de tant de jours en un jour effacée !
Nouvelle dignité fatale à mon bonheur !
Précipice élevé d'où tombe mon honneur !
Faut-il de votre éclat voir triompher le comte,
Et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte ?
Comte, sois de mon prince à présent gouverneur;
Ce haut rang n'admet point un homme sans honneur;
Et ton jaloux orgueil par cet affront insigne
Malgré le choix du roi, m'en a su rendre indigne.
Et toi, de mes exploits glorieux instrument,
Mais d'un corps tout de glace inutile ornement,
Fer, jadis tant à craindre, et qui, dans cette offense,
M'as servi de parade, et non pas de défense,
Va, quitte désormais le dernier des humains,
Passe, pour me venger, en de meilleures mains.”1
Mais j’eu
rapidement souvenance que Corneille avait déjà écrit cette tirade quelques
années auparavant … mais je m’égare, poursuivons :
Des lambeaux de
chair de mon avant-bras flottaient au vent absent, tel un étendard déchu lors
d’une sombre guerre , telles des tentacules d’une pieuvre vorace.
Etrangement, cela
ne saignait pas et aucune douleur ne suintait de mes lacérations « samanthaesques ».
Je réalisais
alors que le temps semblait en suspens.
On flottait au ralenti ! J’avais l’impression de me déplacer … sans
bouger les jambes.
Je ne savais pas si les autres avaient
conscience de cet état, de ce possible enfer car ils restaient figés, tétanisés, les yeux fixes et le filet de bave aux commissures des
lèvres, tels les spectateurs regardant “ Au théâtre ce soir” sur FR3,
traumatisme de mon enfance.
Je m’obligeais à
essayer de me défaire de cette apesanteur spatio-temporelle et, à ma grande
surprise, j’y réussissais !
Et oui je suis comme ça moi et soudain, me revenait à la mémoire des
bribes de mon passé lorsque mon père me disait ces vieux dictons provinciaux du
genre : « Tu vois … Tu peux quand tu veux », ou bien « Si c’était pour faire ça, c’était pas la peine ou
encore », ou « C’est ni fait, ni à faire !! » et
encore : « Je travaillais comme cela quand je me suis fais
virer ! »
Mon premier
réflexe fut de ramener mes
« langues de peau » sur mon bras afin de calfeutrer une hémorragie inexistante (les réflexes
quoi …) et elles se ressoudèrent
instantanément !
« Suis-je
l’élu ? » fut la pensée qui me vint à l’esprit mais qui disparut
aussitôt car au même moment, la cicatrisation immédiate m’apporta une méchante décharge électrique qui me
fit courber l’échine et pas mal
d’autres choses. Je me promettais de faire gaffe à mes prochaines pensées et
autres actions suite à ma transformation internationale.
Doucement, je me
sentais redescendre sans avoir le moindre contact avec le sol . Mon premier
réflexe ( et ouais encore …) fut de déplacer Samantha à l’écart de cette
sculpture maléfique. Telle une bibliothèque sur roulettes je la replaçais au
sein des amis, pressentant une quelconque protection au moyen des ondes cérébrales ou autres délires new-age …
Le reste du
groupe ne regardait même pas dans notre direction. D’ailleurs ils ne regardaient
rien, comme s’ils n’avaient jamais été conscients de tout ce qui s’était passé.
Cela s’était fait
si vite, sans bruit ( enfin je ne me souvenais pas du moindre bruit suspect –
en un mot svp).
En fait, je
n’arrivais pas à comprendre ce qui s’était vraiment passé et ce que je faisais
ainsi à 10 centimètres du sol, tel un Barbapapa anorexique.
Je me décidais
donc à essayer de toucher le sol tout en espérant ne pas me faire téléporter
encore une fois dans une autre pièce à la vitesse de l’éclair !
Et c’est là que
je commis la boulette.
Le contact fut
rapide et brutal. La fulgurante impression de recevoir un piano à queue de 535
kilos sur le dos en un dixième de seconde.
Les discussions
du groupe se manifestèrent à mes oreilles tandis que je réintégrais le monde
réel.
Ce retour me fit
mal au corps et au cœur : toutes les douleurs des
derniers instants rentraient à nouveau dans toutes mes fibres comme si ce
retour spatio-temporel se souvenaient qu’elles existaient et
qu’elles devaient aboutir dans un système nerveux au plus vite afin de faire
leur travail.
Je pliais un
genou et des larmes coulèrent en un flot rapide, intense et bref ( et oui l’émotion a parfois emprise
sur moi …). Du sang s’échappa de mon avant-bras naguère blessé même si aucune
plaie n’était là.
Un grand bruit
m’extirpa de ma torpeur dolorienne tandis que je reconnaissais la voix suave et
empreinte d’érotisme exotique de Zav :
-
« Fais
gaffe merrrrdddeeeeeuuu ! T’es bourrée ou quoi ? »
Samantha s'était
lamentablement écroulée sur Sieur Zav. De biens belles positions comme on aimerait en voir plus souvent mais qui ne semblaient pas avoir l'effet non escompté puisque ce n'était que pur hasard et maladresse sensorielle de mon humble part.
J’avais omis que
la lévitation, due à son caractère de flottement imperceptible, avait du
déplacer un peu plus que je n’avais prévu
le corps voluptueux de Dame
Samantha, ce qui eut comme résultat, non pas la poussée d’Archimède ou le
triangle de Pythagore mais plutôt la gueulante de Zav suite à la gravité
newtonienne qui amena au déséquilibre de notre Grand Briard Blond aux deux
chaussures noires.
La Demoiselle
effarouchée ne perdit que peu de temps
pour placer :
« T’as parlé
ou t’as pété ? »
Je n’eu même pas
le temps d’esquisser un sourire que je me sentais encore muter !
Mais Merde …
je me
dématérialisais ….
1 - Le Cid,
extrait acte I, scène 4 - Pierre
Corneille