vendredi, février 02, 2007

La paix n'existait pas...(chap XVIII by Shandrika)

Samantha avait accompli l’effort surhumain de se lever. Le regard perdu dans le questionnement.
De mon côté, je réalisais que le souvenir des heures précédentes n’était que confusion.
Je pensais à ma maison, à mes rosiers, à tous ces gens rencontré dernièrement, à ce voyage en bus, à ce moine qui était à ce moment précis, la seule personne réelle qui restait de toute cette anarchie. Mais tout cela, enveloppé dans un brouillard épais et l’incompréhension la plus totale.

Ramon fit son apparition dans la pièce, vêtu d’un pantalon de cuir noir et d’un tee shirt de la même couleur.
Il n’était plus le même…Enfin quelque chose de différent avait pris possession de sa personne. Ses yeux n’avaient plus l’humour et la malice qui le caractérisait.
Il se dirigea vers Ultimo et je pu voir poser au creux de ses reins, a moitié sorti de sa ceinture, un flingue brillant comme flambant neuf…cet élément me donna la certitude que quelque chose avait changé.

Le moine nous demanda de le suivre.
Samantha avait de la difficulté à tenir debout. Sans prononcer un mot, je lui propose mon aide en passant mon bras gauche autours de sa taille. Elle pose son bras droit sur mes épaules et tant bien que mal, marchons en direction du couloir en suivant les 3 hommes.
Je me demande quel sort est réservé à ceux qui restent allongé sur leur étal.
Rono, Rachel et les autres…

Le couloir blanc est parsemé de lumières ovales éblouissantes de chaque côté, le sol est en acier comme... lustré.
Au bout, une autre entrée qui donne dans une pièce, elle aussi de forme ovoïde ou une multitudes de machines et d’ordinateurs garnis de loupiottes de toutes les couleurs nous attende.
Le moine nous invite à nous asseoir.

Il s’installe à son tour, devant un clavier formant un demi cercle devant lui et tapote très rapidement dessus.
À ce moment là, un écran s’allume.
Un petit garçon blond apparaît.
Et là…Oh putain...Un train d’images se met à défiler. Le petit garçon devient un ado aux cheveux bruns et longs puis un adulte barbu pour finir en un vieillard rongé par les rides. Toute sa vie défile en quelques minutes. Sa famille, son environnement, son travail d’architecte, ses amis, sa femme, son fils, même son chien. Tout.
J’eu le temps de reconnaître Ramon. Mais pas celui qui avait poussé la porte de mon jardin quelques semaines auparavant pour me demander de l’eau.
Une pensée effleure mon cerveau mais je me dis que c’est impossible.
Je fais un tour de table rapide avec mes yeux pour trouver une stupeur égale à la mienne. Je la trouve et la constate dans tous les regards, à l’exception de Ramon qui me donne le sentiment d’avoir déjà eu connaissance de ces images et du moine bien sur, qui lui, ne laisse rien paraître.

Les images disparaissent.
L’écran devient noir pour quelques secondes.

Puis il se rallume à nouveau et c’est la vie d’un autre petit garçon mais brun celui-ci, qui défile devant nos yeux. Il voit le jour difficilement dans des conditions abominables. Sa mère le met au monde par terre, seule, dans une caravane et elle ferme les yeux à jamais en lui donnant la vie. Des gitans, des truands, des images en noirs et blancs, la misère et le sentiment très fort d’être en Europe de l’est plane sur celles-ci.

Il s’agit d’Ultimo. La fin de sa vie m’apparaît effrayante et très violente.
Il meurt brûlé vif dans une voiture qui roulait à toute allure et qui termine sa course contre un mur. Une horde de voitures et de flics autours, les colts à la main, arrêté comme l’ennemi public numéro 1.
Mais il est trop tard. Son corps noir, carbonisé et fumant, les bras à demi levé, la bouche ouverte comme une douleur hurlante me laisse sans mot.
Tous les poils de mes bras se hérissent à la vue des images.
Je lutte contre mes pensées qui m’emmènent un flot de réponses mais je refuse de les entendre.

L’écran redevient noir.