mercredi, août 30, 2006

Les tribulations de Samantha Met l'Bronx (chap XIII) by Druzilla

LES TRIBULATIONS DE SMB (SAMANTHA Met l’Bronx)

Enfin ! Enfin, le car s’était arrêté… enfin, et re-enfin, devrais-je dire, il s’était pour le moins immobilisé pendant quelques instants…. Je suis bien certaine que St Christophe n’avait jamais eu à dépenser autant d’énergie pour faire son boulot, même un jour de grand départ sur l’autoroute des vacances, pour assurer la continuité de nos (encore jeunes) destinées…

Nous étions « garés » entre un rocher qui menaçait d’éboulement, un ravin avec vue sur le vide et les rochers qui entourent le vide, et un lacet de route en épingle ; de l’autre côté nous disposions d’une petite plaine boisée, un peu pentue pour une plaine, certes, et avec un mignon petit ru qui serpentait entre les buissons…
Mon analyseur personnel venait de mettre en route mon dédramatisateur automatique de situations critiques… : nous nous trouvions donc en pleine montagne sur une route au milieu de nulle part qui devait sans doute allez encore moins ailleurs… mais bon… on était là pour ça.
Tout le monde était arrivé à sortir par la porte ouverte à tout jamais (vu le coup de pied latéral d’Ultimo pour la décoincée)… tout le monde était de la même couleur … entre blanc clair et jaune très pâle …mais en tout cas, tout le monde était visiblement soulagé, d’une façon ou d’une autre, nerveusement ou physiologiquement parlant…

Ramon donna des ordres aux garçons pour qu’ils installent le bivouac de la nuit… les filles étaient chargées de ramasser du bois pour le feu de camps…
Zav voulait partir à la chasse aux sangliers avec les clubs de golf de Seb Lacaille qui ne se décidait pas entre le prêt et la location de son matériel, et qui voulait vérifier absolument avant toute décision les petits caractères de son contrat d’assurance …Chacal éructait de joie …
Rachel peignait la girafe … Rico faisait le zèbre en essayant de se fondre dans le paysage… il devait essayer une tactique de camouflage par mimétisme de la flore environnante ( ??? il y avait encore quelques progrès à faire)…
La nuit en haute montagne tombe très vite … le camps était à présent installé… il faudra à l’occasion qu’on puisse vous décrire ce qu’on appelle un « camps » en haute montagne à la mode de chez Ramon notre guide vénéré …
Bref, celui-ci était pour l’heure en train de caresser sauvagement sa guitare pendant que Rachel ondulait des hanches et mettait l’animation en allumant ici et là des bribes de … de … de « chépakoi » d’ailleurs …
J’étais toujours dans le même état d’esprit que dans l’autocar, et j’admirai Dévi qui semblait posséder ce pouvoir suprême de gérer sa relaxation en puisant dans des postures « yogastiques »… Elle donnait l’impression de flotter et de se décorporer (là je ne faisais pas allusion à son vomi !)
Après avoir partagé un petit bain improvisé comme des naïades avec Dévi, j’avais ressenti cette irrépressible envie et besoin de m’isoler encore … je devais faire le point sur différents nouveaux aspects de ma vie…
Un bref coup d’œil sur mon passé : une enfance heureuse, une adolescence tumultueuse, une vingtaine ravageuse, une trentaine houleuse … et trois enfants, Riri, Fifi, et Louloutte…
Un mariage, un divorce…(j’avais bien dit bref, hein !) et maintenant un cœur tout nouveau qui recommençait à battre amoureusement…avec cette envie de vouloir n’appartenir qu’à un seul être ; d’être pour lui, ce qu’il serait pour moi ; de tenir SA laisse alors qu’il serait MON maître!
Combien de fois dans une vie rencontrons nous ce cas rare ?? Je pense qu’avant tout il faut y croire, et surtout le vouloir…

Derrière mon petit buisson, à l’écart de tous, je me laissais allez à mes profondes pensées quand des craquements secs près de moi me firent penser que je ne devais plus être tout à fait seule… je me levais d’un bond en trois mouvements désynchronisés, d’une part, pour avoir l’air de faire quelque chose de naturel, comme de la botanique nocturne, et d’autre part, pour ne pas me faire piétiner bêtement…
C’était Ultimo qui visiblement cherchait également un endroit à l’écart du « monde »…
Son air soucieux m’attrista encore un peu plus… il traversait une terrible épreuve et toute ma compassion et celle du monde ne pouvait lui être d’aucune utilité… de toute façon, Ultimo était de ces âmes torturées qui prenait toujours à son compte les erreurs des autres. Ultimo était quelque part entre « l’agneau de Dieu » et « le justicier solitaire ».
Je m’étais attachée à cette grande masse sculpturale, ce faciès ténébreux et je me surprenais toujours à quêter un sourire fortuit qui lui aurait échappé et qui lui aurait éclairé jusqu’à l’intérieur de ses pupilles sombres.
Le soir de l’étape chez Dévi, il s’était un peu confié à moi : alors que nous nous connaissions depuis longtemps grâce à nos relations de marketing, nous n’échangions que des propos superficiels et anodins. Cela m’avait donc paru un peu bizarre, et m’avait même un peu gêné aussi…j’avais mis cet étrange échange de confessions sur le compte de la magie du jardin créé par Dévi, ces délicieuses odeurs de plantes aromatiques pouvaient vite monter à la tête … surtout associées avec des Mauresques et des petites poires…
Il est des blessures qui ne se referment jamais ; c’est vrai, et en plus, dans la catégorie Maso, certains choisissent volontairement cette option, c’est comme cela que je voyais Ultimo…
Après quelques échanges de banalités j’essayais à nouveau de le déculpabiliser quand les feuillages de MON buisson se mirent à nouveau à s’agiter… décidément !!
Ultimo comme à son habitude prompt à parer une attaque d’humanoïdes téléportés s’était déjà précipité de l’autre côté, quand apparût la tête de Dévi … un peu déconfite (hure !!)…
Un silence long comme un ange passa…

Un cri déchira les entrailles de la nuit, et nos tympans…
Près du feu de joie, Rachel avait le feu aux fesses … et ce n’était pas qu’une image ! L’odeur des vêtements brûlés semblait nous parvenir simultanément…
En un clin de tour de main Ramon l’avait propulsée sur le sol et finissait d’étouffer les dernières flammes en lui tapotant le derrière (en vrai gentleman) de son étui à guitare … il aurait pu tout aussi bien l’achever à coup de pelles avais-je pensé à ce moment là … (aïe ! pour mon prochain karma)…
Les secours commençaient à s’organiser … enfin… chacun cherchait à donner sa meilleure recette pour atténuer la douleur que provoquaient les brûlures sur les fesses de Rachel… Zav suggérait d’y étaler du beurre et des pommes de terre ( ?) Rico y aurait bien ajouter une pointe de persil, Seb envisageait d’appeler son propre service d’intervention de rapatriement-de-toute-urgence, Chacal n’en pêtait pas large… Ramon examinait son étui de guitare qu’il avait cabossé dans un excès d’humanité et déclara d’un air morne …
-« les brûlures sont superficielles… ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort … la nature fera son travail … si elle passe la nuit, elle viendra avec nous … dans le cas contraire nous la laisserons ici demain avec un peu de provisions en attendant qu’un hélico vienne la récupérer »
Au moins Ramon savait-il prendre des décisions plutôt … contrebalancées !!
Ce soir là, en « «m’endormissant » après avoir vérifié 290 fois qu’aucune bestiole à pattes, à ailes ou à dard ne s’était faufilée dans mon duvet, je rêvais qu’un hélico emmenait Rachel et se crachait malencontreusement sur les rochers en contrebas de notre camps …(sûr ! mon capital karma allait encore être bien entamé).

2 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est super bon Druzi...
B.

druzilla a dit…

merci ... on continue alors!!