jeudi, juin 08, 2006

Entre chien et loup, la paix gagnait elle son âme… ? (chap IX) by Shandrika.

Le soleil commençait à diminuer et le pavillon lui, à s’illuminer…
La grosse chaleur avait disparue et à sa place régnait cet air doux et presque frais de fin de soirée.
C’était l’heure préférée de Dévi.
Parce que..., "presque" parfait.
Entre chien et loup. C’est comme ça qu’elle l’appelait.
Et alors que l’air ambiant semblait s’apaiser, sa petite vie elle, semblait se remplir de désordre, de déséquilibre…
Mais comme toujours, c’était pour elle d’une logique implacable.

Sauf qu’elle était bien loin d’imaginer jusqu’ou cette infime anarchie l’emmènerait.

Samantha se pencha discrètement vers Dévi pour lui chuchoter quelque chose.
Son mouvement fit entrouvrir son joli chemisier blanc, qui à son tour révéla …un magnifique décolleté.

Dévi songea secrètement, l’espace d’un instant, à cette fente que formaient ces deux seins si généreusement blottis l’un contre l’autre…
Elle imagina une main halée et délicate, y poser une enveloppe…comme un secret…
Mais les quelques gouttes de sang qui avaient entaché cette pureté la ramenèrent à la réalité.

- Je te parie c’que tu veux qu’Ultimo ne touchera pas à la confiture de rose…


Elle avait l’air de bien le connaître...
Dévi lui suggéra de changer son chemisier. Samantha accepta.
Elles ramassèrent quelques assiettes, miettes et autres victuailles, et traversèrent le hall pour se diriger vers l’escalier.
Au passage, elles virent que les deux couples de larves humaines (qui commençaient à ressembler à des amibes), étaient déjà affalés dans le canapé, manifestement très fatigués de leur journée. Un coup d’oeil vers l’entrée, confirma que Zav mettait les sacs à dos à l’intérieur.
En plein milieu du cadre de la porte d'entrée, l’ombre d’une tente apparaissait.
Au même instant et furtivement, une masse noire traversa le champ de la porte, de gauche à droite…
Samantha intriguée, s’avança.
Elle tira Dévi par la manche pour lui montrer…
Rico avait il des talents de jardinier ? Elles poussaient comme des champignons…

- Tu vois Dévi…Ce mec est la plus grosse couleuvre que la terre est pondue…Là y’a un truc qui m’échappe…

Non, non, non… juste un campeur averti et équipé de la panoplie dernier cri.
Il ouvrit un des sac, prit le gros paquet entre ces mains, se leva et le jeta 2 mètres plus loin.
La tente se dépliait en l’air et se posait, finie, là, sur l’herbe.

- Alors lui…je ne le lâche pas d’une semelle pendant l’excursion… dit Samantha.

Tout le petit monde plus ou moins repéré, il en manquait pourtant encore 4 au décor.
Rachel, Seb, Ramon et Ultimo…

Pour les deux premiers, certains avaient sûrement déjà remarqué qu’il était difficile de les séparer, tant leur yeux respectifs ne se décollaient pas les uns des autres.
Ils se la jouaient un peu "seuls au monde", sur des paroles de "notre coup de foudre à nous" et la musique d’…"et plus rien n’a d’importance".
Elle était parfaite Rachel, un peu comme Madonna…
Corps parfait, minois parfait, look parfait, sourire parfait, dentition parfaite, elle s’exprimait parfaitement aussi.
Bref y’avait rien qui clochait ! Si ce n’est cette perfection extérieure, décidément bien trop parfaite aux yeux de Dévi…Elle attendrait bien sagement de voir l’intérieur…
En banale réflexion, elle se disait qu’ils étaient fait l’un pour l’autre…
Lui, dans sa religion moulée, elle dans son absolue, complète, et idéale perfection.
Elle avait bien une idée de l’endroit ou ils pouvaient s’isoler…Mais...ils n’auraient pas osés…

Son esprit passa très rapidement à autre chose parce que Samantha était devant elle en train de vider son armoire…Elle se marrait en comparant ces fringues et ceux de Dévi…
Elles étaient différentes, l’une était seule, l’autre mariée avec 3 enfants, une avait fait des études, l’autre pas, Dévi avait bcp voyagé, Samantha faisait cette excursion pour la première fois loin de sa tribu, pour s’oxygéner et réfléchir, la complicité prenait place entre elles.

-Dévi ? Tu devrais nous accompagner... Je parle demain avec Ramon pour savoir si c’est possible…qu’est ce que tu en dis ?

Un coup de klaxon retentit et Dévi se pencha à la fenêtre. Une vieille 2 CV fourgonnette était garée devant le portail, suivi d’un minibus. Elle aperçu en même temps, près des rosiers, Ramon et Ultimo qui prenait des notes, Ramon lui, était immanquable. Le flash de son appareil photo le suivait à chacun de ses pas.
Elle avait compris que ces deux là avaient bien remarqué le jardin et sa forme étrange. Mais voyaient ils vraiment?
- Impossible de là ou ils sont...


Elle ne connaissait pas le premier gars qui sortait du minibus, par contre, elle savait que la Deuch était celle d'El Direktor, le garagiste du quartier. Il ramenait l’engin qui allait conduire tout ce petit monde le lendemain matin très tôt.
Il avait travaillé jusqu’à tard, à sa demande urgente. C’était vraiment sympa de sa part et connaissant son goût pour le Ricard…
Elle dévala les escaliers.
Ultimo et Ramon avaient déjà rejoint les 2 hommes.
Des poignées de mains s’échangeaient, tout allait un peu vite…
Pendant que le gars se présentait…

- Bonjour, je suis Rono...Rono Cartman...

Il avait un accent Québécois à couper au couteau…Dévi qui avait vécu plusieurs années là bas remarqua les intonations chantantes et la générosité du sourire immédiatement…

- Tu viens de quel endroit ?
- Montréal…

- Vacances?
- Oui et non, je suis là pour un an, j’ai trouvé d' la job chez El Direktor , j' lui donne un coup main quand il a besoin, et j’voudrais bouger un peu pour visiter vot beau pays !

Elle n’arrivait toujours pas à suivre la cadence, parce que manifestement Ramon et El direktor se connaissaient…Et il y avait des années qu’il ne c’étaient pas vus…
Ultimo, lui avait l’air tellement relax dans sa tête…qu’il commençait à faire comme chez lui, proposant et servant un Ricard au groupe, sauf qu’il était 23h passé…
Relax, parce que les deux traits verticaux qui étaient entre ses arcades, à son arrivée, avaient disparu… Elles étaient impressionnantes d'ailleurs ces arcades... très avancées, larges, et de taille bien supérieure à la normale…Le nez lui, donnait l'impression d'avoir prit des coups, ...à plusieurs reprises.

Plus elle observait et plus c'était évident. On ne naissait pas avec ce genre de profil.

Elle leva la tête et vit Samantha à la fenêtre de la chambre, en train de regarder ce qu’il se passait en bas…Mais son regard se tourna vers le jardin...
Dévi pinça ces lèvres…parce que Samantha était à l’endroit idéal pour avoir la vision du jardin et de ce qu’elle en avait fait en réalité…

Ce groupe, ces garçons, cette fille et son instinct brut... n’étaient décidément pas fait pour lui déplaire…
C’est à ce moment précis, que sa sensibilité l'enveloppa d' une douce chaleur et qu'elle su, que certains ne feraient finalement pas partie de ce voyage...que d'autres n'iraient pas jusqu'au bout...et qu’elle, en revanche, devait partir avec eux...



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