vendredi, juin 02, 2006

Paix à son âme et la nouvelle recrue...(chap VII) by Shandrika

Il faisait chaud, très chaud...Dévi passait son avant bras sur son front pour enlever la sueur et les quelques mèches rebelles, longues et noires qui ne cessaient de virevolter dans les airs malgré son chignon rehaussé d’un crayon.
Elle râlait mais ce léger vent qui s’amusait était de rigueur par ces interminables chaleurs… Elle se sentait crasseuse, poisseuse. Quoi de plus normal. Elle était en train de planter ses derniers rosiers tout frais achetés et elle terminait par la Chartreuse de Parme Delviola.
Les roses elle les aimait.

Elle avait hâte de voir apparaître les fleurs, dessiner joliment leur chaud coloris rose mauve et d’être envoûtée par leur parfum riche et puissant.
Enfin… c’est ce qui était marqué sur l’étiquette.
Elle recouvrait le pied de terre, la tassait en appuyant bien fort tout autours et prenait le tuyau d’arrosage qui avait fait sa dernière crise…

D’y repenser la fit sourire…
À cause de l’embout…Ce truc gris ou orange (au choix) qui se fixe au tuyau et qui fait office de robinet…En plus elle les trouvait sophistiqués maintenant, puisqu’ils servaient aussi à régler le débit de l’eau…Mais à chaque fois, elle cherchait pendant quelques instants le bons sens pour l’ouvrir, le bon sens pour avoir le bon débit et à chaque fois ça marchait mal, à chaque fois elle se retrouvait avec l’embout dans une main, le tuyau dans l’autre et l’eau qui lui giclait à la face.
Et cette fois ci elle aurait aimé ne pas se faire avoir.

Elle reposa le tuyau, se releva et étira ses jambes. Elle plongea sa main dans la grande poche de son tablier blanc terreux et sorti son paquet de Beedis, Ces petites cigarettes qu’elle avait ramené de son dernier voyage en Inde, composée de feuille de tendu (un arbuste proche de l’eucalyptus) et qui contiennent de la poudre de tabac et des herbes ayurvédiques.
Elle aimait tant l’odeur… même si son ami Spouty (le seul ami qu’elle n’avait jamais eu) lui disait qu’elle avait pas besoin de rajouter ça à sa panoplie déjà bien accomplie d’Amélie Poulain des années 70…
Il avait raison et elle le savait, rien qu’en jetant un coup d’œil rapide sur sa dégaine du jour (un dos nu bleu ciel, un pantacourt mauve et ses tropéziennes), son petit pavillon couleur brique avec les volets Ocre, sa vie, colorée mais solitaire, exactement comme son monde, celui quelle c’était créé. Elle était comme ça Dévi. Beaucoup timide, un peu ici, toujours ailleurs...
Sa phrase, sa façon d’être ou de penser se résumait à :
Du déséquilibre vient l’harmonie.


Y’avait qu’un truc de carré chez elle, c’était son jardin.

Et puisqu’elle en était à l’heure des consultations, elle en fit le tour pour regarder son labeur.
Elle trouvait qu’il manquait quelque chose mais elle n’arrivait pas à dire quoi.
Sa sensibilité exacerbée lui disait qu’elle le saurait plus tard…

Son tour et son Beedis terminé, elle l’écrasa et remit le minuscule mégot dans la poche de son tablier, ses doigts effleuraient du métal. C’était sa petite radio. Tout était calme. Trop calme à son goût mais elle appréciait d’habiter là, au bout de la rue. Planquée derrière cette vieille grille et ce minuscule portail vert , tout rouillé (qui serait pensait elle, son prochain job, même si elle aurait préférée repartir en excursion).
Elle planta les écouteurs dans ces tympans et exerça une petite pression avec son pouce sur le bouton.

C’est la que je t’emmènerais,
Sur la route,
Et le soleil s’il le savait, mais j’en doute,
Il viendrait…

Cette chanson la faisait rêver…
Elle reprit son tuyau, fit exactement les mêmes gestes et bingo. Avant même qu’elle eu compris, il venait encore de lui péter en pleine face…Elle était trempée. Mais la chanson résonnait toujours dans ses oreilles et après tout…elle s’en foutait, elle se mit à chanter à tu tête…et même à danser, levant les bras, les jambes …Comme seule au monde…

Sauf que.
Les antennes de sa sensibilité exacerbée l’avertirent d’une masse sur le côté. Elle s’arrêta doucement finissant de poser chacun de ses gestes, pivota légèrement et là…Particulièrement gênée, elle ne trouva rien de mieux à faire qu’un huit avec sa bouche en oscillant son arcade gauche…

Ils étaient là.
Tous les 3.
Ramon, Ultimo, et Samantha. Du sang coulait de son front. Rien de bien méchant apparemment, elle paraissait sonnée mais souriait.
Le grand balaise planqué derrière ces carreaux affichait lui aussi un petit sourire en coin.
Le chauve masqua le sien le plus rapidement et il fut le premier à ouvrir la bouche.
Bonjour, on aurait besoin d’eau…

2 commentaires:

El Ultimo Bastardo a dit…

bieeeeeeeeeeeeennn !!!!

druzilla a dit…

Enfin de quoi rebondir et repartir dans l'aventure ... j'suis contente de te voir Barbarounette!!